Rencontre avec Arnaud Collery, "Mister Happiness" ! [1/3]
On a eu la chance de discuter avec Arnaud Collery, Chief Happiness Officer, coach, fondateur d'une agence d'Happiness, conférencier, auteur du livre "Mister Happiness" (disponible ici), et organisateur de l'événement "Stand up for Passion". À travers cette interview, Arnaud nous parle de son parcours et des différentes étapes qui l'ont amenés à devenir Chief Happiness Officer et à transmettre cette passion pour l'humain au plus grand nombre ! Cette interview sera publiée en 3 épisodes, rendez-vous la semaine prochaine pour la deuxième partie ;)
Bonjour Arnaud, tu as de nombreuses casquettes, comment te présentes-tu aux gens que tu rencontres ?
Je me présente en disant que j’ai une agence d’Happiness aux Etats-Unis, spécialisée dans la transformation humaine et l’inspiration. A travers cette agence, je fais du coaching, de la formation de Chief Happiness Officer, ou encore de l’événementiel, avec par exemple l’événement « Stand Up For Passion », que je fais aux quatre coins du monde.
Donc tu ne te présente pas sous le titre Chief Happiness Officer ?
Non, car c’est seulement une de mes casquettes.
D’ailleurs, si tu devais traduire le terme « Happiness » en français, que dirais-tu ?
C’est une bonne question car ça n’a pas forcément la même signification en français. Je sais qu’en France la sémantique est importante, donc je ne sais pas s’il faut parler de bien-être ou de bonheur. Pour moi « l’happiness », c’est une énergie de transformation, une énergie pour aller de l’avant. Etre bien où tu es et donner du bien aux autres, c’est ça l’Happiness pour moi. Chaque fois que je bosse avec quelqu’un, que ce soit en tant que formateur, ou lors de l’organisation d’un événement, j’essaie d’être le plus animé possible par mes valeurs et par ce que veut le client. Je souhaite que les gens présents dans la salle lors d’un événement, ceux que je coache, et de manière générale tous ceux avec lesquels je travaille, puissent donner le meilleur d’eux-mêmes. Le truc, ce n’est pas d’être heureux, ce qui en soi est quelque chose d’assez abstrait, mais c’est plutôt de devenir la meilleure version de soi-même. Je sais que c’est très Américain, mais j’y crois profondément.
Pour moi si tu es président, dirigeant, un de tes buts fondamentaux devrait être de coacher chaque personne qui travaille pour toi, pour qu’elle devienne la meilleure version d’elle-même. C’est très profond. C’est très loin du bonheur tel qu’on l’imagine en France. Quand on pense bonheur en France, il y a toujours ce côté superficiel. C’est pour cette raison que lors des 6 derniers mois, on a vu sortir 2 ou 3 bouquins contre tout ce qui est « bonheur au travail » : c’est parce que les auteurs ont cette image superficielle du bonheur. Dans d’autres pays, notamment au Moyen-Orient, où je bosse beaucoup, personne ne me dit « le bonheur c’est superficiel, ça ne sert à rien ».
L’Happiness, ce n’est pas cette vision superficielle du bonheur. C’est de devenir la meilleure personne possible, d’être bien avec qui tu es, d’être aligné. Ainsi quand tu rencontres quand des gens, tu donnes de l’énergie, de la joie, de la bonne humeur, tu les aides à se transformer.
Parfois, on voit l’appellation « Chef du bonheur », et je trouve ça totalement faux. Je déteste cette expression car ça va à l’encontre de ce qu’on fait. Quand on parle de bonheur, c’est du partage, de l’inclusion. Et le chef, c’est le mec au-dessus dans la hiérarchie. Tu ne pas être chef, ni même responsable du bonheur.
Enfin, l’Happiness, c’est quelque chose qu’il faut expérimenter. En France, tu vois des Chief Happiness Officer qui sont virés au bout d’un an parce qu’on leur dit « tu n’as pas fait tes preuves etc. ». Alors qu’il faut leur laisser le temps. Il faut au minimum 6 mois pour tester quelque chose. Il faut que ce soit clair avec le boss, tu dois avoir un cahier des charges qui te permet d’expérimenter plusieurs solutions. Il n’y a pas une seule solution, une seule preuve, une seule méthode. Il y a plein d’outils possibles, on peut en retrouver dans mon bouquin « Mister Happiness ». Il faut trouver ses outils, ceux qui s’adapteront le mieux à sa boîte.
Tout à l’heure, je regardais un TEDtalks dans lequel tu disais que tu t’es rendu compte de ce qu’était le bonheur lors d’un voyage en équateur. Peux-tu raconter un peu comment s’est passé ce déclic ?
Ça fait déjà 20 ans que je m’intéresse à la question du bonheur. En 99, il y a 20 ans, ça faisait alors un an que je me posais des questions, je lisais tous les bouquins sur le sujet du bonheur etc… Toujours en 99, j’ai monté une émission TV qui s’appelait « une minute de bonheur » et qui parlait du bonheur... C’était tous les jours pendant 6 mois. Au bout de 6 mois, on a arrêté mon émission car on m’a dit : « écoute, le bonheur c’est quelque chose de tellement pas français, trop américain… ». C’est là que j’ai décidé de quitter la France, de me barrer au bout du monde. J’étais déjà partis plusieurs fois, j’avais un peu voyagé. J’avais cette impression qu’il fallait partager le bonheur, le diffuser, en parler autour de soi.
Plus tard, en 2009/2010, j’étais acteur, mais je ne trouvais plus rien. J’avais fait un film, mais il n’avait pas fonctionné, je n’avais plus de sous, et j’ai alors commencé à être dépressif. C’est là que tu dois vraiment te poser des questions à propos du bonheur. J’avais voyagé dans une quinzaine de pays, j’avais été acteur, j’avais eu plein de carrières différentes, et là d’un coup, plus rien ne fonctionne. Comment se fait-il que moi, qui suis de nature heureuse, je devienne tout à coup malheureux ? Et donc là recommence un travail : pendant 3/4 ans je relis tout sur le domaine, qu’est-ce que le mindfullness, qu’est-ce que la méditation, qu’est-ce que bien manger etc… Puis à un moment je décide, pour aller au cœur du sujet, que je vais aller vivre dans une tribu. On est alors fin 2013.
Je me retrouve ainsi dans une tribu en équateur, et c’est là que je vois effectivement ce que sont pour moi les vraies bases du bonheur. Là, on oublie la théorie, on oublie les bouquins, les philosophes etc… On vit, au jour le jour, d’une façon super simple, avec les chamans du coin, dans une tribu à moitié à poil. Avec les serpents, les anacondas, les araignées énormes sur le lit, pas de portes dans nos huttes. On vit au contact même de la nature.
Déjà, tu apprends que la nature et toi, vous êtes pareil, qu’il n’y a pas de différence. On est tous au même niveau, que ce soit une fourmi, un serpent ou un humain. Deuxièmement, on t’apprend que pour être heureux, il faut faire ce qui TOI te rend heureux, ce qui est ton essence même, là où tu es bon. Et surtout pas à devenir ce qu’on peut te dire en France : devenir un manager, un mec intelligent etc… Il faut faire, ce qui pour toi est facile. Et c’est ce qui m’a aidé à me dire un jour, que j’allais devenir coach. J’ai eu plein de carrière dans ma vie, mais ce qui me vient naturellement, c’est d’aider les autres.
Je n’ai pas eu besoin de faire des études ou des recherches là-dedans. J’ai étudié la finance, le japonais, le chinois, j’ai pris des cours dans plein de domaine. Et puis finalement, je n’ai jamais pris des cours dans le coaching, parce que c’est quelque chose de naturel pour moi. Tu apprends ça en tribu, car chacun fait ce pour quoi il est bon. La femme de nature guerrière, c’est elle qui va tuer les animaux. Quand un autre est bon pour cuisiner, il va apprendre auprès du meilleur cuisinier de la tribu à faire des repas. Quelqu’un qui est vraiment bon pour prendre des décisions et pour emmener les autres, il va devenir chef.
Enfin, la troisième leçon que j’ai apprise dans la tribu, c’est celle qui consiste à se raconter des histoires. De partager ses émotions, le soir, au coin du feu, tout naturellement. De partager ce que tu as vu, ce que tu as appris au cours de la journée. Et finalement, c’est ce que je fais maintenant. Depuis 5 ans, je le fais tous les jours, que ce soit en tant que speaker, coach ou encore producteur d’événement. J’aide les gens à raconteur leurs histoires : qui ils sont, pourquoi, quelles sont leurs émotions... C’est un truc tout simple, tout bête, que les gens faisaient autour du feu auparavant. Aujourd’hui, maintenant les gens n’en ont plus envie à cause de Facebook, des emails, de SnapChat, Linkedin… On oublie de raconter des histoires toutes simples, des choses que l’on a besoin de raconter, ce qui est pourtant est essentiel.
C’est peut-être des choses que tu avais déjà en tête, mais c’est l’immersion qui t’a donné le déclic ?
C’est ça, c’est l’immersion. Il y a plein d’autres choses que j’ai appris. Un des trucs que j’ai vus au sein de la tribu, c’est aussi de ne pas se prendre la tête. Alors oui certes dans nos vies actuelles, il y a des choses qu’il faut planifier, on a des obligations, des factures à payer… Mais dans la tribu, j’ai vu que personne ne se prenait jamais la tête. On le sait : 90% des choses pour lesquelles on s’inquiète n’arrive jamais. Il faut se débarrasser de ces inquiétudes. Il faut se demander quelles sont ses priorités, ce qui est important pour soi, et laisser tomber le reste. Il faut se concentrer uniquement sur l’essentiel.
Dans une tribu, l’essentiel c’est de trouver à manger et de passer du temps avec sa famille et ses potes. Quand j’étais dans la tribu et qu’on allait chercher à manger, je voyais parfois un petit de 5 ans avec nous. Je me demandais s’il allait se faire mordre par une bête, s’il allait tomber lorsqu’il grimpait à un arbre. Et le chef, ou qui que ce soit qui m’accompagnait ce jour-là, me disait « s’il tombe, il tombe, c’est tout ». Il ne se pose pas la question de « et s’il tombe de l’arbre ». Il ne fait pas en sorte d’être toujours derrière lui. Le petit garçon doit expérimenter la vie, explorer le monde, devenir fort, devenir un guerrier. Et c’est justement ça la résilience, qui est des points forts du bonheur. Je pense d’ailleurs qu’on devrait l’étudier à l’école. Plutôt que de devenir bon en mathématiques ou en philo, on devrait apprendre à rebondir, à devenir plus fort malgré les choses qui peuvent arriver dans la vie. Et dans les tribus effectivement, tout le monde est de nature résiliente.